Le chef d’état-major de l’armée de terre (CEME) a mis en garde aujourd’hui contre la nécessité de « renforcer les crédits » et d' »anticiper la mise en œuvre » des dispositions de la loi de programmation militaire (LPM) dans le secteur de l’artillerie, compte tenu des engagements vis-à-vis de l’OTAN et de la situation internationale.
« Nous avons prévu de renouveler certains de nos équipements et d’en acquérir d’autres pour l’artillerie de campagne. Il s’agit de programmes qui doivent être renforcés dans la LPM et, très probablement, leur mise en œuvre devra être avancée, étant donné l’urgence de renouveler notre capacité », a déclaré aujourd’hui à Lusa le général Mendes Ferrão, au camp militaire de Santa Margarida (Santarém), en marge de l’exercice « Strong Impact », dans un scénario de l’OTAN, auquel ont participé 451 militaires de quatre pays.
Selon le général, qui a rappelé la guerre en Ukraine et les besoins actuels en matière de préparation, « il en va de même » pour l’artillerie antiaérienne et les systèmes aériens sans pilote (drones).
« En fait, nous devons renouveler notre artillerie antiaérienne. C’est prévu dans la loi de programmation militaire, et notre artillerie antiaérienne sera renouvelée d’ici peu, mais ces deux capacités doivent être renforcées en termes de fonds et leur mise en œuvre doit être anticipée dans le cadre de la loi de programmation militaire », a-t-il déclaré.
En ce qui concerne les systèmes aériens sans pilote, « la loi de programmation militaire prévoit des projets spécifiques qui nous permettront de renouveler et d’augmenter le nombre de systèmes (…), non seulement dans le domaine de la surveillance, mais aussi pour d’autres types de systèmes aériens sans pilote que nous sommes en train d’acquérir », a-t-il ajouté.
L’investissement global prévu dans la LPM pour l’armée de terre, dans le cas de l’artillerie, avec différentes échéances, dont certaines jusqu’en 2034, est d’environ 120 millions d’euros (ME), l’artillerie de campagne ayant une allocation de 77,5 ME pour « prolonger la durée de vie utile des systèmes d’armes » avec la « modernisation » et le « remplacement » de divers types d’obus, a déclaré une source officielle de l’armée de terre à la Lusa.
Dans la PML, selon la même source, l’artillerie antiaérienne bénéficie d’un investissement global de 32 millions d’euros et les systèmes aériens et terrestres sans pilote (drones) de 6 millions d’euros, avec 3,1 millions d’euros alloués au système de commandement et de contrôle.
« Les programmes que nous avons établis dans la Loi de programmation militaire sont ceux que nous estimons nécessaires et suffisants pour renouveler les capacités de l’armée de terre face aux exigences de ce nouveau conflit », a déclaré le CEME, notant que, « cependant, étant donné le temps que nous observons, beaucoup de ces projets doivent être accélérés dans leur exécution. »
L’exercice annuel « Strong Impact », qui se déroule du 11 au 21 mars, a donné lieu aujourd’hui à une véritable séance de tir, couvrant tous les systèmes d’armes qui font partie de l’exercice, ainsi que l’utilisation de systèmes aériens sans pilote (drones).
L’exercice implique 451 soldats du Portugal, d’Espagne, de France et de Roumanie et vise à « développer la capacité opérationnelle des unités d’artillerie de campagne et d’artillerie antiaérienne de l’armée de terre, y compris les forces des pays amis », le général Ferrão soulignant l’importance de l' »interopérabilité » militaire.
(…) Aujourd’hui, dans le cadre du conflit dont nous sommes témoins en Ukraine, qui est le résultat de l’invasion russe, la fonction de tir, les tirs d’artillerie de campagne, a pris une importance accrue et c’est pourquoi nous nous entraînons aux tirs d’artillerie de campagne dans cet exercice, mais nous le faisons également dans un environnement multinational, parce que nous savons parfaitement que nous sommes membres de l’OTAN et qu’il est essentiel que nous sachions comment travailler avec nos alliés pour atteindre ce que nous appelons militairement l’interopérabilité nécessaire. En d’autres termes, si nous devons combattre ensemble, nous sommes préparés et nous savons comment le faire », a déclaré le CEME.
Mendes Ferrão a également souligné « l’importance accrue de la protection antiaérienne sur les théâtres d’opérations », l’exercice incluant la « protection des moyens d’artillerie » et l’utilisation de systèmes aériens sans pilote dans les conflits actuels.
« Nous avions déjà acquis cette capacité avant le conflit en Ukraine et nous améliorons maintenant son utilisation, notamment grâce aux enseignements que nous tirons des conflits que nous observons », a-t-il conclu.