Le Premier ministre, António Costa, rencontre aujourd’hui à Lisbonne le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, dans le cadre de la tournée que le dirigeant norvégien effectue avant le sommet de l’organisation en juillet, axée sur le soutien à l’Ukraine.
À la veille de la visite de M. Stoltenberg à Lisbonne, le ministre des Affaires étrangères, João Gomes Cravinho, a déclaré que la visite du secrétaire général de l’OTAN serait axée sur l’Ukraine, mais qu’elle porterait également sur la présence et les « objectifs déstabilisateurs » de la Russie en Afrique.
Le chef de la diplomatie portugaise a également déclaré que le Portugal continuerait à soutenir l’Ukraine « sur les quatre fronts [politique, militaire, économique et humanitaire] », même si les « stocks » portugais ne sont pas « illimités ».
Ces dernières semaines, M. Stoltenberg s’est montré très actif dans les préparatifs du prochain sommet de l’OTAN, qui se tiendra les 11 et 12 juillet à Vilnius, en Lituanie, et a déjà confirmé que la possibilité pour l’Ukraine de rejoindre l’Alliance atlantique serait l’un des points à l’ordre du jour de la réunion.
Cette idée est soutenue par plusieurs États membres de l’Alliance atlantique, à commencer par les pays nordiques et la Pologne, mais suscite encore des réticences de la part d’autres pays de l’organisation, dont le Portugal, qui craignent une escalade du conflit en cours sur le territoire ukrainien, impliquant les pays occidentaux et Moscou.
Lundi, le secrétaire général de l’OTAN s’est prononcé en faveur d’une concertation au prochain sommet sur un programme pluriannuel de soutien à l’Ukraine qui permettrait à Kiev de se mettre aux normes de l’organisation, tant en matière d’équipements que de doctrine militaire, et de devenir ainsi pleinement opérationnel au sein de l’Alliance.
Lors de la dernière réunion du Comité militaire de l’OTAN à Bruxelles, M. Stoltenberg a demandé que l’Ukraine continue à bénéficier d’un soutien dans le conflit qui l’oppose à la Russie et que les 31 alliés fassent preuve de « courage politique » en portant leurs dépenses de défense à un minimum de 2 % du produit intérieur brut (PIB) et en augmentant la production d’armements.
Dans son allocution de lundi, le secrétaire général de l’OTAN est revenu sur le sujet et a demandé que ce chiffre indicatif « ne soit pas un plafond, mais un minimum que tous les alliés devraient fournir immédiatement et non dans une décennie ».
Le Portugal était le neuvième État membre de l’OTAN à consacrer le plus faible pourcentage de son PIB à la défense en 2022, bien qu’il se soit légèrement rapproché de l’objectif de 2 % du PIB (1,38 %) et qu’il prévoie d’augmenter ses dépenses à 1,66 % cette année – un objectif initialement fixé pour 2024 – et d’atteindre 2 % d’ici la fin de la décennie.
À la fin du mois d’avril, les États membres avaient fourni à l’Ukraine plus de 1 500 véhicules blindés et 230 chars depuis le début de l’invasion de la Fédération de Russie en février de l’année dernière.
Ces quantités, selon M. Stoltenberg, « correspondent à 98 % de l’équipement promis » aux forces armées ukrainiennes pour les aider à repousser l’invasion russe, y compris l’envoi de chars modernes, tels que le Leopard 2 de fabrication allemande, que Berlin hésitait à autoriser, mais qu’elle a autorisé, y compris trois véhicules portugais (en plus des blindés M113, des générateurs électriques, des munitions et des véhicules de secours), ainsi que le Challenger 2 britannique et, à l’avenir, l’Abrams américain.
Le secrétaire général de l’Alliance atlantique a toutefois mis en garde contre une « sous-estimation de la Russie », car « ce qu’elle perd en qualité » sur le champ de bataille, « elle le compense en quantité », alors que les autorités de Kiev insistent sur le fait qu’elles ont besoin de plus d’équipements militaires pour lancer la contre-offensive contre les lignes russes.
La formation des pilotes ukrainiens et la fourniture d’avions de combat F-16 à Kiev est un sujet sensible qui a été mis en avant ces derniers jours. Des pays comme le Royaume-Uni ou la Pologne sont prêts à aller de l’avant, mais d’autres États membres de l’organisation, dont le Portugal qui possède ces avions, hésitent, craignant une escalade du conflit.
L’offensive militaire russe sur le territoire ukrainien, lancée le 24 février dernier, a plongé l’Europe dans ce qui est considéré comme la plus grave crise sécuritaire depuis la Seconde Guerre mondiale (1939-1945).